Marseille : Un week-end dans la cité phocéenne
Il y a des villes qu’on n’apprend pas d’un coup. Elles ne s’ouvrent pas tout de suite. Elles ne cherchent pas à plaire, elles attendent. Elles vous testent un peu. Il faut marcher longtemps, revenir souvent. Parfois même sans le savoir, on s’attache déjà. Et un jour, sans prévenir, le cœur est pris. Marseille fait ça.
Longtemps, elle n’a été pour moi qu’une escale. Petite, c’était le point de passage avant le ferry pour la Corse — la ville passait vite, entre valises et voiture en sueur. Plus tard, j’y dormais une nuit, peut-être deux. Un rendez-vous, un dîner. On se frôle, on ne se touche pas encore.
Mais cette fois, c’était différent. Une vraie parenthèse. Un voyage entre copines, sans mari, sans enfants. Je les aime plus que tout vous le pensez bien. Mais il y a une ivresse particulière à l’absence. À l’insouciance soudain retrouvée. Ce plaisir un peu adolescent de n’être à personne, d’être toute à soi — et à ses amies. Les vraies. Celles qui vous connaissent depuis assez pour rire avant même d’avoir parlé.
Le voyage commence un vendredi matin, très très tôt. L’excitation a un goût de café au lait, tiède entre les mains, mousseux. J’ai glissé un magazine un peu futile dans le sac, comme une promesse de rien du tout — et c’est ça qui fait du bien. Dans ma tête, je coche déjà les adresses. Celles qu’on a validées, celles qu’on espère encore. Et puis, surtout, je pense à nous. À ce qu’on va se dire, à ce qu’on ne dira pas. Aux fous rires. Aux vélos qu’on va prendre, robes au vent, comme des héroïnes d’un film de fin d’été.
À 9h45, je sors de la gare et me voilà enfin sur le parvis, face à la Bonne Mère.
VENDREDI - Premiers plongeons
C’est à ce moment précis où le voyage commence. Je file sur la Cannebière, en direction du Vieux Port. Je tourne à gauche sur la Cours Saint-Louis et ça y est, le week-end peut commencer.
Les tables sont déjà sorties, au soleil, devant chez Pétrin Couchette.
C’est ici que nous prendrons notre petit déjeuner bien mérité après ce réveil matinal : des Pompes à l’huile, de merveilleux Sandwichs aux oeufs avec du pain au levain savoureux ou un classique mais toujours efficace Oeuf à la coque avec ses mouillettes. Le tout avec un grand Café Crème. Rien de meilleur que des plaisirs simples comme ceux-ci…
Une fois repus, on récupère sa petite valise et on file faire un tour chez Maison Empereur. Une boutique, oui, mais aussi un musée vivant. Une mémoire. Chaque objet y semble patiné d’histoire. Au rez-de-chaussée, les poêles, casseroles, cocotes, ustensiles de cuisine, moules à gâteaux et la quincaillerie. À l’étage, des produits ménagers, des tissus, des vêtements, de la vaisselle ou des jouets en bois. Mais ce que je préfère ici ce sont les moules à gâteaux en métal, les presses-agrumes colorés et les fameuses tête d’ail en terre cuite pour justement, faire confire ses gousses d’ail au four.
Le temps a ralenti là-dedans. Alors il faut sortir, déposer sa valise chez l’amie qui vous accueille, mais ne surtout pas s’asseoir.
Direction Endoume, ancien quartier populaire mais pourtant, son charme n’a pas été effacé par le mot « bobo ». Le soleil cogne sur le linge étendu aux fenêtres, les rues montent et descendent, calmes et poétiques.
Un petit creux ? Oui, bien sûr. On le sent, ce moment. On évite le très fameux Four des Navettes — trop sec, trop attendu. On lui préfère la Boulangerie Saint Victor, plus discrète, plus vraie. Les Navettes y sont parfumées, tendres, et les Lampions y brillent d’un goût simple.
On grignote en marchant, en riant, jusqu’à Boujou. Un café s’impose. Pas pour la forme. Pour l’âme. Cold brew, Latte, Matcha… peu importe. On le prendra à emporter. Direction la mer.
Aujourd’hui il fait beau, et les rochers de la plage du Petit Nice sont déjà occupés par les locaux. On parle fort, on écoute de la musique, on plonge depuis les rochers dans la Méditerranée. Certains partagent déjà un plat de spaghettis à la tomate enroulés dans de petites serviettes éponges, les cheveux encore dégoullinants. On reste là, à profiter de cette vie au soleil.
Midi passé, l’appel du déjeuner nous tire de l’eau. Avec quelques coups de soleil sur les épaules, on retourne vers le Vieux Port pour aller déjeuner chez Ippon. Installées en terrasse, nous décidons de partir sur la formule entrée & plat à 25€. Un Toast d’anchois & beurre monté, des Asperges vertes & aïoli qu’on partage pour commencer et ensuite, des Mezzi rigatoni à la bique de homard, ail des ours et petit pois. Le tout accompagné d’un verre de vin blanc bien sec. Un déjeuner très léger, plein de saveurs et absolument parfait !
L’après-midi, nous prévoyons une grande expédition : direction l’Estaque en prenant la navette au port. Le prétexte ? Aller manger des chichis chez Magali.
Une petite cabane iconique où vous pourrez croquer dans les plus merveilleux beignets. Le « vrai » Chichi Frégis signifie en provençal « petit morceaux de pois chiche frit ». C’est un beignet long et fin, plongé en spirale dans un bain d’huile bouillante, découpé en généreux morceaux puis roulés dans du sucre. Et puis, profiter d’une balade en bateau pour aller ici, ça vaut le coup non ?
Le soir, il y a comme une évidence : Chez Michel. La bouillabaisse y est reine depuis 1946. Le décor a vieilli, et c’est très bien comme ça. Les poissons sont frais, les serveurs discrets, et la soupe vous tient chaud de l’intérieur. On mange comme on se souvient. C’est beau, et bon.
Mais la journée n’est pas finie. On termine chez Labo N’heure, un bar à cocktails où les verres sont des mondes. Une fois installées, avec nos Quizàs (Tequila, Cointreau, pamplemousse, citron vert, fleur de sureau et romarin), ainsi qu’avec nos Panisses tout chauds que le gérant va chercher en face, nous pouvons continuer nos conversations et confidences entre filles jusqu’au petit matin. Enfin, au moins jusqu’à minuit.
Pétrin Couchette - 1 Cr Saint Louis 13001
Maison Empereur - 4 rue des Récolettes 13001
Endoume - 13007
Boulangerie Saint-Victor - 2 Av. de la Corse 13007
Café Boujou - 160 Cor Président John Fitzgerald Kenney 13007
Plage du Petit Nice - 13007
Ippon - 7 rue Lulli 13001
L’Estaque - 13016
Chez Magali Chichis Frégis et Panisses - 42 plage de l’Estaque 13016
Chez Michel - 6 rue des Catalans 13007
Labo N’Heure - 49 A rue des 3 Frères Barthélémy 13006
SAMEDI - Sillonner les plages
Il y a des matins qui ne cherchent pas à se presser. Le temps s’étire, suspendu au bord d’une tasse de café au lait. On est encore un peu dans la nuit, un peu dans les rires de la veille. Sur la table, quelques fèves fraîches croquées crues, tout juste cueillies dans le jardin parental. Le goût de la terre, du vert, du simple. On finit par se lever vraiment, attraper un sac en tissu, une paire de lunettes, une casquette.
C’est le jour du vélo, de la mer, du pique-nique pensé mais pas trop.
On commence par passer au marché du week-end de la Cours Joseph Thierry. On attrape une fougasse aux olives, un melon, des fraises et de la crème chantilly. Plus loin, chez Les Argonautes, on complète : fromages de caractère, kombuchas, biscuits généreux.
On pourrait déjà s’installer là, en terrasse, devant un Grilled cheese croustillant ou une Chakchouka brûlante. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il faut pédaler.
Alors, on ouvre l’appli LeVélo. C’est toujours un petit jeu : trouver le bon. Celui qui a une batterie pleine, des freins qui répondent. Pas de panique, mais pas d’erreur non plus. Sinon, c’est 30 minutes à attendre avant de pouvoir reprendre un nouveau vélo.
Nous voilà donc sur nos bécanes, direction la mer.
En descendant, je vous recommande fortement de faire un stop aux Deux Libanais pour compléter votre pique-nique. Et dans le fond, ce frigo magique : une Crème d’ail féroce, parfumée comme un rêve méditerranéen, et une Tapenade noire aux figues — sucrée, salée, profonde. Je le dis sans honte : je viendrais à Marseille rien que pour ça.
On traverse la ville frénétique pour enfin retrouver la piste cyclable de la Corniche. On adopte alors une allure de croisière, jetant des coups d’oeil amoureux à la mer bleue à côté de nous.
Nous commencerons notre périple en allant jusqu’au bout du monde : aux Goudes. On peut marcher un petit peu sur la route de la Maronaise pour aller admirer de loin l’Ile Maire. On peut aussi s’installer à la plage de la Baie des Singes. Ou bien encore au très branché Tuba Club, un hôtel, restaurant et plage privée. Un lieu très beau, qui propose un menu très bon, mais la fréquentation est assez fashion. Mais bon, on vient ici pour le soleil, la mer et pourquoi pas un petit cocktail. Et un petit transat ne fait pas de mal entre les rochers et la selle du vélo.
Le reste de la journée sera dédié à retourner vers la ville en s’arrêtant piquer quelques têtes dans l’eau bleue. D’abord la calanque de Saména, la plage de la Bonne Brise, un petit stop au Vallon des Auffes, pour finalement arriver à la plage des Catalans et profiter de la lumière de fin de journée.
Pour ce soir, nous commencerons d’abord par aller se réhydrater un petit peu, avec du Pac à l’eau, une sirop de citron très sucré typique du sud, ou avec un traditionnel Pastis, une Mauresque (avec du sirop d’orgeat), un Perroquet (avec du sirop de menthe), ou une Tomate (avec de la grenadine); à siroter soit Cours Julien, soit à la Plaine.
On profite de ce moment qui sent bon l’été : les cheveux poisseux, la peau halée et salée, le sable entre les orteils, les glaçons qui cognent dans le verre, les enfants qui courent partout et les grands qui discutent, l’esprit léger.
Pour ce soir, je vous propose de réserver une table chez Zesti, un petit restaurant grec proposant une cuisine fraiche et surtout très gourmande. Des petites assiettes à partager, des mezzés délicieux, comme les Dolmas, les Petits feuilletés au fromage, les assiettes de Tarama et de Tzatziki, les Brochettes de viande, les Keftedes… Une adresse comme un coup de coeur, que ce soit pour le ventre ou pour le portefeuille.
Après cette journée d’aventure, l’heure est venue de prendre une douche, de s’installer avec une tisane au lit et de ne plus rien faire. Simplement laisser Morphée faire le reste.
Le Marché des Argonautes - 33 Bd de Longchamp 13001
Les Deux Libanais - 26 rue Saint-Michel 13006
Les Goudes - 13008
La plage de la Baie des Singes - 13008
Tuba Club - 2 Bd Alexandre Delabre 13008
Calanque de Saména - 13008
Vallon des Auffes - 13007
Plage des Catalans - 13007
Cours Julien - 13006
La Plaine - Place Jean Jaurès 13005
Zesti - 17 rue des Trois Rois 13006
DIMANCHE - Flâner et admirer
Cette dernière journée démarre dans la cuisine avec un café et une Brioche noisettes et chocolat achetée à la Boulangerie Pain pan. Ce n’est pas tout à fait une brioche, pas vraiment un pain non plus. C’est dense, sombre, strié de chocolat, parsemé de noisettes. On la trempe dans le café. Elle s’imbibe lentement, puis se délite dans la bouche comme un secret.
Après ce petit déjeuner de reine, nous nous préparons pour arpenter les rues menants à la Basilique Notre Dame de le Garde.
L’histoire démarre en 1214 avec la construction d’une petit chapelle dédiée à la Vierge. Celle-ci devient vite un lieu de pèlerinage pour les marins et les Marseillais qui la considérait comme leur protectrice. Mais c’est en 1536 que François Ier ordonne la construction du château d’If ainsi qu’un fort autour de la chapelle. Mais c’est en 1853 que l’évêque de Marseille, Mgr Eugène de Mazenod, décide de donner à ce lieu l’apparence que l’on connait aujourd’hui : remplacer l’ancienne chapelle par une nouvelle église plus imposante et dans un style Romano-byzantin rappelant ainsi que Marseille est la porte de l’Orient.
À l’intérieur, tout est couvert d’or et de couleurs. Des bateaux suspendus depuis le plafond. La chaleur des centaines de cierges allumés, l’odeur de l’encens. Et depuis les terrasses, la vue sur tout Marseille.
En redescendant, nous nous arrêterons déjeuner chez Pompe. De quoi profiter d’un repas autour de la célébrement locale Pompe à l’huile. C’est un dessert provençal à base d’huile d’olive, de sucre et éventuellement d’eau de fleur d’oranger. Ici, on la bouscule un peu cette spécialité, avec une Pompe mornin’ - Pompe à l’huile, oeuf au plat, cheddar et sauce barbecue - une Pompe bagnat, ou encore un Cinamon pompe.
Nous continuons notre promenade jusqu’au Mucem, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Ce cube flottant conçu par l’achitecte Rudi Ricciotti, ce musée pluridisciplinaire explore les civilisations méditerranéennes à travers divers champs artistiques et scientifiques. Il présente des expositions mêlant anthropologie, histoire, archéologie, histoire de l'art et art contemporain, offrant ainsi une vision riche et diversifiée des cultures du bassin méditerranéen.
Le week-end touche à sa fin… Mais avant de retrouver les quais de la gare, nous faisons un petit stop chez Vanille Noire pour une boule de cette glace si particulière et qui donne son nom à la boutique. On la déguste en flânant dans le quartier du Panier. Dernier petit pèlerinage avant le retour.
Nous voilà déjà installé dans nos sièges rayés, sac au sol, les yeux dérivant sur la paysage qui défile. Quel doux week-end…
Boulangerie Pain Pan - 29 rue des 3 Frères Barthélémy 13006
Basilique Notre Dame de la Garde - rue Fort du Sanctuaire 13006
Pompe - 84 Bd Vauban 13006
Mucem - 1 Esp. J4 13002
Vanille Noire - 15 rue Caisserie 13002
Le Panier - 13002
Avant de se quitter, je vous partage tout de même une liste d’autres adresses, à tester si votre séjour se prolonge un peu :
Minuit : un nouveau restaurant proposant une cuisine méditerranéenne de saison qui se transforme en dancefloor après minuit.
Chez Yassine : pour manger des merveilleuses briques à l’oeuf ou une très très bonne Mloukhiya
Le Bar des amis : une adresse très fréquentée par les locaux pour boire un verre et parait-il qu’ils font le meilleur pain bagnat
Zero zero : un bar mélangeant vin vivant, assiettes de saison, funk et disco. Un bonheur !
Zinzin cantine : ce petit café-cantine mais aussi primeur est idéal pour un déjeuner plein de saveurs.
Ile Degaby : d’avril à novembre, vous pouvez profiter d’un moment d’évasion avec une formule balade en bateau et dîner face au soleil couchant.
Atelier Renata : ici on déguste de délicieux plats de pâtes autour d’une table partagée. L’occasion de rencontrer aussi de nouveaux amis. Attention, le menu est unique.
Tisanerie Luciole : un magasin entièrement dédié à la vente de produits japonais traditionnels, dont de sublimes thés et tisanes.
Pizzeria Chez Etienne : passage assez obligatoire ici, aller manger une bonne pizza style Marseille. On vient ici autant pour la pizza que pour l’ambiance.
Regain : pour un bon diner sur une belle terrasse ombragée.
Chez Caterine : la meilleure des cantines ! Simple, surprenant, addictif !
La Maison Marseillaise : une très jolie adresse de décoration, solaire et lumineuse.
Camas Sutra : une adresse à découvrir selon le.la chef.fe en résidence du moment ! Mais spoiler - c’est toujours bon !
J’espère que ce guide vous sera utile et que vous aimerez les adresses et itinéraires conseillés.
À bientôt pour de nouvelles aventures !
Alice